8 peintures qui ont marqué l’Histoire
Parlons de ces peintures qui ont marquées l’Histoire occidentale, laissées leur empreinte et modifiées le cours des choses ; grâce à leur innovation, leur controverse, leur révolution ou leur splendeur. Flamandes, italiennes, parisiennes ou encore égyptiennes, voici chronologiquement quelques œuvres déterminantes de l’Histoire de la peinture occidentale.
1. Les peintures pariétales
Le commencement
L’Histoire débute avec l’art rupestre il y plusieurs dizaines de milliers d’années, lorsque les fondements même de la peinture sont crées, c’est-à-dire le mélange pigment/liant.
Ces poudres colorantes étaient principalement du noir et de l’ocre. Le noir était obtenu à partir de charbon de bois, de la calcination d’os ou de minéraux comme le manganèse. Quant à l’ocre, cette argile varie dans ses teintes naturelles, du brun, rouge au jaune. Comme nous pouvons l’imaginer, à défaut d’outils hautement élaborés, toutes les méthodes d’application de ces teintes sur les parois étaient de mises : l’estompage, la projection, le principe du pochoir, etc. Si ces peintures ont pu être conservées aussi longtemps, c’est entre autre grâce au calcite qui s’est formé sur la paroi par l’humidité constante, emprisonnant alors les pigments.
A savoir aussi que cette pratique ne se limitait pas au visuel. D’après certaines études, les peintures rupestres étaient réalisées dans les endroits de la grotte où la résonance acoustique était la plus forte. L’image des ours et des aurochs seraient donc intrinsèquement liée aux imitations sonores qu’ils devaient probablement reproduire. De vrais performeurs ces hommes des cavernes… (lire l’article sur le sujet en cliquant ici)
2. les portraits du Fayoum
Des gardiens du temps
Plus de 1000 portraits ont été retrouvés à la fin du 19ème siècle non loin du Nil en Egypte, dans la région du Fayoum. Malgré leur stupéfiante modernité, tous datent de presque 2000 ans auparavant, entre le 1er et le 4ème siècle de notre ère. Ils sont à nos jours considérés comme les tout premiers portraits de figures humaines individualisés (et non représentatifs des Dieux). Leur traitement, leur expressivité, leur réalisme (éclat de lumière dans les yeux, humidité sur les lèvres, etc.) rendent ces portraits bien particuliers. Eu égard de leur ancienneté, et de leur conservatisme face à l’arrivée du christianisme.
Ces portraits sont issus d’un mélange des cultures. Ils étaient accrochés directement sur le linceul de la momie selon la tradition égyptienne, tandis que les vêtements et coiffures sont d’allure romaine, et que les peintres étaient d’origine grecque ou hellénistique, héritiers de l’école naturaliste d’Alexandrie. Preuve irréfutable d’une ouverture sur les différentes cultures de l’époque.
Tous ces portraits sont peints sur de fins panneaux de bois ou sur du lin, réalisés soit à le détrempe (pigment + blanc d’œuf ou gomme arabique), soit à l’encaustique (pigment + cire d’abeille). Ils sont peints en clair sur un fond sombre (apprêt en colle de peau + pigment brun). Les palettes sont constituées des couleurs en vigueur à cette époque, c’est-à-dire le blanc, le noir, les terres et ocres principalement, puis pour les vêtements et ornementions, quelques verts, violets et feuilles d’or. Leur enfermement dans les tombeaux ont permis leur conservation jusqu’à nos jours. Le but de cette pratique étant de préserver l’âme de ces personnes durant l’éternité…
3. La fresque de la Trinité – Masaccio
Premier pas humaniste
Au XVe siècle en Italie, des villes antiques, Pompéi et d’Herculanum, sont découvertes lors de fouilles archéologiques. La richesse de leur art et de leurs connaissances mises à jour vont largement influencer l’Italie du XVe siècle, encore en proie aux traditions médiévales.
C’est l’architecte florentin Brunelleschi (1377-1446) qui a été le premier à revaloriser les connaissances des grandes civilisations antiques et à les intégrer à son époque. De là est né l’Humanisme. Ce courant favorise peu à peu le développement culturel et intellectuel de toute la population, plaçant l’humain au centre de toutes préoccupations. Notamment ses capacités intellectuelles illimitées, qui lui permettent d’évoluer. Apparaissent alors les notions de liberté, de libre-arbitre, de tolérance et de curiosité intellectuelle notamment. Les peintres considérés autrefois comme de simples artisans, signent de leur nom. La main seule ne suffit pas pour créer, l’esprit doit aussi être présent, et donc l’individualité doit être reconnue.
Les artistes et les scientifiques poussent la recherche et la connaissance encore plus loin, ils cherchent à comprendre le monde qui nous entoure. Et cela passe notamment par l’étude des lois de la perspective. C’est pourquoi on parle alors “d’invention de la perspective”.
La fresque de Masaccio se situe sur un mur transversal de l’église Santa Maria Novella à Florence. Son innovante composition a surpris ses contemporains lors de sa création en 1427. En effet, il s’agit-là l’un des tous premiers trompe-l’œil. La ligne de fuite se trouve à hauteur du regard du spectateur, celui-ci est comme immergé dans l’action représentée. L’effet est renforcé du fait que les personnages sont peints en taille réelle et que son emplacement au sein de l’église donne l’impression d’une vraie niche.
On aperçoit le Christ crucifié avec la vierge Marie et St Jean Baptiste debout à ses pieds, Dieu le Père soutenant le Christ et le Saint Esprit représenté par une colombe blanche. En dessous, les deux personnages en prière sont les donateurs, coutume de l’époque. Avec au premier plan le squelette d’Adam au dessus duquel est inscrite la phrase : J’ai été ce que vous êtes et ce que je suis vous le serez aussi. Cette oeuvre est la preuve de la transition culturelle en Italie, par la mise en pratique des découvertes concernant la perspective, mais également du fait que les personnages sont tous de taille identique (ce qui va l’encontre des règles de la perspective). Deux interprétations à cela :
- soit Masaccio tend clairement à marquer la rupture avec la tradition médiévale, consistant à représenter la taille des personnages proportionnellement à leur importance.
- soit étant donné que les connaissances des lois de la perspective n’étaient qu’à leur balbutiements, Masaccio s’est peut-être retrouvé devant une difficulté technique…
4. L’Adoration de l’Agneau mystique – Jan Van Eyck
L’innovation nordique
Alors que la fresque de Masaccio a joué un rôle déterminant en Italie, Jan Van Eyck est quant à lui l’acteur le plus important de cette transition en Flandres, 2ème haut lieu artistique (voir article sur les Primitifs Flamands). L’Adoration de l’Agneau mystique a été peinte en 1432 afin d’honorer une commande d’un richissime habitant de Gand désirant ornementer la chapelle privée de son épouse dans l’église Saint-Jean. Ce polyptyque est aujourd’hui conservé au sein de la même église, après bien des déboires, devenue entre-temps la cathédrale Saint-Bavon.
Ce retable (oeuvre destinée à être placée près de l’autel) est composé de 24 panneaux de bois sur lesquels sont représentés des scènes et figures bibliques (intérieur et extérieur du polyptyque) : A l’intérieur, dans la partie supérieure on distingue au centre le Christ (ou Dieu le Père selon certains), avec la vierge Marie et St Jean Baptiste à ses côtés, des anges, puis Adam et Ève. Quant à la partie inférieure, elle représente l’Adoration de l’Agneau mystique, symbole du Christ, face à une foule de prophètes, de saints et de martyrs. L’innovation se trouve dans cette recherche de réalisme, illustrée par cette non-idéalisation des corps et cette incroyable accumulation de détails. De plus, les frères Van Eyck sont considérés comme les “inventeurs” de la peinture à l’huile. Ils ont été en vérité les premiers à avoir expérimenté les vernis colorés, appelés glacis, un mélange de pigments, de résine et d’huile. Pour la première fois, les peintures présentaient de beaux modelés, sans traces de pinceaux, et une profondeur de champ. Ce retable est si riche en détails qu’il est rendu visible de manière totalement inédite, en 100 milliards de pixels, allez-y, zoomer autant que vous voulez ! –> Cliquez-ici !!
5. La chapelle Sixtine – Michel-Ange
Le travail d’un génie
Cette oeuvre monumentale de près de 1000 m² a été réalisée par un seul homme en quelques années seulement ! 4 années pour le plafond et 5 annéées pour la fresque du Jugement dernier. Entre les deux, 20 ans se sont écoulés. Le commanditaire, le pape Jules II, ne veut pas d’un peintre talentueux il veut un génie ! Le seul qu’il connaisse est Michel-Ange, déjà occupé à lui sculpter le plus beau des tombeaux.
“Je ne suis pas peintre, je suis sculpteur !“
C’est ce qu’aurait déclaré Michel-Ange fasse à la demande du pape. Mais rien y fait, Jules II obtient satisfaction et le chantier débute en 1508. Il a fallut à Michel-Ange un temps record de 3 mois pour réaliser les esquisses des 343 personnages. Il s’est probablement fait aider d’assistants et d’élèves car des signes de leur passage ont été retrouvés au sein des peintures, mais la légende veut que Michel-Ange les ait tous chassé pour insatisfaction, préférant alors faire le travail seul. Au point de se déformer le corps à force de travailler debout sur l’échafaudage, la tête en arrière et le bras en l’air.
Michel-Ange a non seulement accompli un exploit, mais il a crée l’oeuvre la plus impressionnante de tous les temps. Toutes les scènes et personnages représentés sont bibliques ou célestes. Les plus connus étant la Création d’Adam, située sur le rectangle au centre du plafond, et la grande fresque du Jugement dernier sur le mur du fond. A savoir qu’en 1563, la politique de l’époque exigeait que la nudité des personnages soit cachée. Un élève de Michel-Ange a alors retouché les peintures en ajoutant quelques drapés sur certaines zones corporelles jugées choquantes.
6. Autoportrait en Allégorie de la peinture – Artemisia Gentileschi
La parité des sexes ?
Seules les filles de peintre pouvaient espérer pouvoir apprendre un jour à peindre. Par chance, le père d’Artémisia en est un, et aussi un proche du Caravage. Reconnaissant le talent de sa fille, il la soutient et l’envoie étudier l’art. Malheureusement, le maître d’atelier l’agresse sexuellement et l’humilie en public. Artemisia parvient à transformer ce traumatisme en source créatrice. Son tableau le plus puissant et le plus connu (Judith décapitant Holophernes) en est la démonstration. Elle utilise une scène biblique pour faire un manifeste. Son père lui trouve finalement un mari, un peintre sans grand talent qui ne lui fera pas d’ombre. Elle peut ainsi se consacrer pleinement à son art, et devenir l’égale des grands maîtres de son temps.
Cet autoportrait est d’une excellente qualité, aussi bien sur le plan technique que dans la composition et le traitement du sujet. Ici, Artemisia ne nous regarde pas, elle se représente en pleine énergie créatrice, en mouvement, les cheveux ébouriffés et le regard intense envers son sujet. Elle ne fait pas que peindre, elle “est” la peinture, d’où le titre du tableau : Autoportrait en Allégorie de la peinture.
La force, le talent et la volonté de cette femme ont certainement marqué l’Histoire, cependant son destin a été le même que celui de nombreuses autres, en tombant dans l’oubli. Il aura fallut attendre le 20e siècle pour la redécouvrir.
7. Impression, soleil levant – Claude Monet
La révolution picturale
Le terme « Impressionnisme » provient de la critique publiée par le journal satirique Le Charivari, quelques jours après l’ouverture de l’exposition d’un groupe d’artistes, dont Monet, Renoir, Sisley, Berthe Morisot, Pissaro ainsi que d’autres. L’auteur de cette critique a volontairement utilisé ce terme dans l’unique but de se moquer et de mépriser ouvertement la peinture de Monet intitulée « Impression, Soleil levant ». Voici ce qu’ont pu écrire les critiques d’art de l’époque :
“Cette risibles collections d’absurdités », « Les plus absurdes croûtes », ou encore « Messieurs Monet et Pissaro et Mademoiselle Morisot semblent avoir déclaré la guerre à la beauté.”
Finalement et tout naturellement, sans plus aucune connotation péjorative, ce terme a par la suite été utilisé pour nommer l’ensemble de ce mouvement. Les Impressionnistes ont révolutionné la peinture de l’époque en contrastant indubitablement avec les œuvres académiques, par leurs couleurs intenses, leurs touches épaisses, leurs sujets banals et leur technique inédite.
Les toiles étaient peu préparées (une fine couche seulement). Pour la première fois les peintres sortent de leur atelier pour peindre à l’extérieur, et rapidement, car une seule séance est permise avant que le lumière ne change. C’est donc une vraie révolution artistique qui s’est déroulée avec Claude Monet en chef de fil, et ça ce n’est pas qu’une impression… (Lien vers : Peindre comme les Impressionnistes…)
8. Les demoiselles d’Avignon – Pablo Picasso
Début de la déconstruction
On le sait, Pablo Picasso a été le fondateur du cubisme. En revanche, ce que l’on sait moins, c’est qu’il a été fortement inspiré par l’Oeuvre de Cézanne. D’une part grâce à l’exposition rétrospective de ce dernier à Paris, d’autre part grâce à une lettre reçue, dans laquelle Cézanne expliquait que le monde qui nous entoure n’est fait que de ronds et de carrés. Picasso en a partagé le contenu avec son ami Georges Braque, et ont décidé de prendre ces propos au pied de la lettre !
L’oeuvre intitulée, Les Demoiselles d’Avignon, est le point de départ et l’une des figures emblématiques du cubisme, caractérisée par une représentation géométrique et par la multiplicité des points-de-vues au sein d’un même sujet. La femme assise présente à la fois son visage et son dos. Les visages sont fortement influencés par l’art africain, en pleine mouvance à cette époque. Picasso a réalisé pas moins d’une centaine d’esquisses avant de trouver la version finale, et ce dans le plus grand secret.
Lors de sa présentation, ce tableau a crée un scandale, car bien que le sujet soit classique (le nu féminin), le traitement infligé crée radicalement une rupture avec la tradition. Commence alors la déconstruction, l’épuration, et la conceptualisation de l’art contemporain. Son titre d’origine était Le Bordel d’Avignon, mais le tableau faisant suffisamment polémique à lui seul, un titre moins provocateur lui a été attribué.
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Intéressant raccourci de l’histoire de l’art et, en fait, de l’humanité! J’ai souvent utilisé ces images pour montrer que les portraits personnalisés, illustrés par les peintres du Fayum, sont disparus quand la religion et le pouvoir féodal ont instrumentalisé l’art. Ils sont revenus à la Renaissance, retour de l’individu réhabilité, qui coïncide avec la maîtrise de l’espace pour la première fois dans un tableau, celui de Masaccio conseillé par Brunelleschi. Celui-ci a aussi dominé l’espace en concevant la plus grande coupole auto-portante, le Dôme de Florence. Et l’émergence de l’individu, entrepreneur, citoyen, dans les cités italiennes et du nord, des Flandres à la Baltique, a précédé de peu celle des femmes créatrices, représentée ici par la courageuse Artemisia Gentileschi. Hélas, au début du XXème, le monde entre en crise, la figure humaine exaltée par les portraits individualisés, récusée par les autoritarismes médiévaux, libérée à la Renaissance, est déformée, caricaturée, abolie par Picasso. Nous n’osons plus nous regarder en face et le commerce asservit l’art. C’est l’une des trois supercheries qui prospèrent et empoisonnent notre monde depuis un siècle, avec le nazisme-fascisme et le stalinisme-maoisme!
j’aime bien celui de picasso pas l’art mais la fonction de l’art
Je pense que vous auriez dû parler de Vermeer,
sinon l’article est très bien.
Respectueusement ;
Un artiste de 14 ans.
ouahh, ces vrai que ces ouvres d’art ont été marquer dans l’histoire .
J’ai vraiment été impréssionnée par tout ces ouvres.
C’es Vraiment magnifique d’e Créatif j’adore