Cette peinture réalisée en 1870 par Henri Fantin-Latour représente un groupe d’artistes parisiens, comme un témoignage d’une époque glorieuse de cette ville lumière. Cette huile sur toile est visible au musée D’Orsay à Paris, ses dimensions : 204 x 273,5 cm.
Henri Fantin-latour est né à Grenoble (France), en 1836. Fils d’un peintre réputé, il apprend la peinture très tôt et vient l’étudier à l’Ecole des Beaux-arts de Paris. En plus de réaliser une quantité considérable de portraits, natures-mortes et bouquets de fleurs, il nous laisse un témoignage fabuleux du cercle artistique de l’époque puisque qu’il réalise pas moins de 4 portraits de groupe, d’artistes et acteurs du milieu les plus influents.
Un ensemble de quatre oeuvres
L’Atelier des Batignolles est la 2e du genre. Voici les 3 autres :
L’Hommage à Delacroix est réalisé en 1863. Il est conservé au musée d’Orsay. Format : 160 x 250 cm.
Ce tableau est le premier de la série des portraits de groupe. Suite au décès du peintre Eugène Delacroix, Fantin-Latour décide de lui rendre hommage en peignant 10 des personnalités du milieu artistique l’admirant : Fantin-Latour lui-même, Whistler, Baudelaire et Manet pour ne citer que quelque-uns.
Conservé au musée d’Orsay, ses dimensions sont de 160 x225 cm.
Peint en 1872, Un coin de table représente les personnalités littéraires du moment, le groupe des Vilains Bonshommes, avec Rimbaud et Verlaine notamment.
Autour du piano est peint en 1885, le dernier de la série des 4 portraits de groupe. Conservé au musée d’Orsay, ses dimensions sont de 160 x 220 cm.
Le groupe des Wagneristes est ici représenté, musiciens admirateurs de la musique de Wagner. Emmanuel Chabrier, Edmond Maître et Arthur Boisseau entre autres sont présents.
Ces quatre toiles sont des grands formats, permettant presque la représentation des figures en taille réelle. De plus, pour chacun de ces tableaux il y a toujours au moins un personnage qui nous regarde. Ces deux points permettent de procurer la sensation au spectateur d’être intégré au sein même de la scène, comme si nous nous trouvions auprès d’eux lors de cet événement. Cet effet “spectateur-acteur-témoin” est tout-à-fait volontaire de la part de l’auteur, créant ainsi une proximité entre ces artistes et nous, proximité physique comme temporelle. Finalement chacun s’observe réciproquement donnant vie à cet épisode qui devient dès lors éternel.
Le décor de ce tableau est l’atelier d’Edouard Manet, celui-ci représenté assit devant son chevalet, pinceaux à la main. Son atelier et son logement se trouvaient dans le quartier des Batignolles à Paris, comme ceux de la plupart de ses amis peintres, représentés ici.
Ce tableau représente donc un groupe d’amis qui se réunissaient à cette époque régulièrement. Ils étaient tous relativement jeunes (environ 30 ans en 1870) et talentueux, ce qui fait souvent naître de grandes ambitions. En ce qui les concerne, leur ambition était de se démarquer de la peinture Académique, cherchant plus de liberté dans l’expression artistique. C’est à partir de là qu’est naît notamment le mouvement des Impressionnistes.
Henri Fantin-Latour a ce côté traditionnel caractérisé par le recherche de “vérité” et de fidélité dans ses portraits, l’utilisation de coloris sombres ainsi que la rigueur de son dessin. Mais s’il s’intègre parfaitement parmi ce groupe d’avant-gardiste, c’est qu’il partage toutefois avec eux cette volonté de se dissocier de l’Académie qui règne sur les Arts depuis plus de deux siècles.
L’Académie classait les sujets par ordre de noblesse. Cet ordre est appelé la Hiérarchie des genres :
- La peinture allégorique et religieuse
- La peinture d’histoire
- Le portrait
- Le paysage
- Les natures-mortes et la peinture animalière.
Toute sa vie durant, Henri Fantin-Latour a peint des natures-mortes et des fleurs. C’était pour lui comme une sorte de provocation, car en se déchargeant de toutes références religieuses, historiques ou littéraires, il va à l’encontre du principe académique. Ces peintures qui ne représentent “rien d’intéressant” selon l’Académie, sont simplement destinées au plaisir des yeux, à l’émotion qu’elles procurent et illustrent la liberté d’expression prise par l’artiste…. Le principe même de l’art moderne !
Etant donné que L’Atelier des Batignolles a été réalisé pour la postérité, le peintre a voulu donner de la crédibilité à ce groupe de jeunes artistes avant-gardistes. C’est pourquoi le ton donné est austère et sérieux. Le choix d’une ornementation limitée est volontaire, la statuette (Minerve) symbolise le respect de la tradition antique et les pots japonais symbolisent leur admiration pour l’art oriental, japonais plus particulièrement. Certainement pour faire passer un message à leurs contemporains : Bien que respectant l’enseignement traditionnel reçu, ils cherchent toutefois à s’en détacher en s’ouvrant sur d’autres cultures, d’autres philosophies, afin de donner plus de liberté à leur création.
Ce petit groupe d’amis a réussi par cet état d’esprit à changer radicalement le cours de l’histoire de la peinture, en repoussant les normes devenues obsolètes imposées par l’Académie.
Les personnages
Otto Schölderer est un peintre allemand né en 1834. Il est intégré au milieu artistique Parisien suite à sa rencontre avec Gustave Courbet.
Pierre-Auguste Renoir est né à Limoges en 1841. Il rentre aux Beaux-arts à Paris à 20 ans et fréquente l’atelier de Gleyre, c’est là qu’il y rencontre Monet, Bazille et Sisley. Il fait parti du mouvement des Impressionnistes par les coloris utilisés et ses scènes de genre peintes en extérieur.
Emile Zola. Ce journaliste écrivain est né à Paris en 1840. C’est en passant son enfance à Aix-en-Provence qu’il rencontre Paul Cézanne, qui l’introduira dans le cercle artistique parisien.
Edmond Maître est musicien, collectionneur d’art et mécène. Il est né à Bordeaux en 1840. Passionné d’art depuis toujours, il devient ami avec de nombreux d’artistes, les soutient et les encourage. C’est en travaillant à l’Hôtel de ville de Paris qu’il fait la rencontre de Paul Verlaine. Il sera un ami très proche de Bazille et de Renoir.
Frédéric Bazille est né à Montpellier au sein d’une famille bourgeoise. Il s’installe à Paris afin d’y étudier la médecine, qu’il abandonne vite pour aller étudier les Beaux-arts dans l’atelier de Gleyre, où il fait la rencontre de Monet, Renoir et Sisley. Il est malheureusement mort trop tôt, pendant la guerre en 1870 à l’âge de 28 ans.
Claude Monet est né lui aussi en 1840 à Paris et grandit au Havre. Il est reconnu comme chef de file du mouvement Impressionniste par sa régularité et son immense production (plus de 400 toiles). Il fait lui aussi parti du petit groupe d’élèves de l’atelier de Gleyre.
Zacharie Astruc est né à Angers en 1833. Il est poète, peintre, sculpteur, écrivain, et grand connaisseur de l’art japonais. Il participe à la première exposition des Impressionnistes.
Et enfin, Edouard Manet. Né 1832 à Paris au sein d’une famille aisée, il assume très vite sa marginalité en peinture et devient un modèle pour beaucoup de jeunes peintres de l’époque.
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