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Peindre comme les Maîtres Flamands

Je tiens à vous présenter aujourd’hui la technique des primitifs flamands pour la qualité de leurs œuvres, car même après 5 siècles, elles restent étonnamment bien conservées. Faites un tour au musée, vous le constaterez par vous-même.

Contexte historique

Commençons par une brève explication historique et artistique : Les Primitifs flamands sont les peintres du XVe et XVIe siècles dans les Pays-Bas méridionaux (actuels Belgique, Luxembourg, Pays-Bas et Nord-Pas-De-Calais). Ces peintres ont marqué l’Histoire de l’Art par la qualité de leurs œuvres et le mélange entre le traditionalisme médiéval et l’idéalisme de la Renaissance italienne. De plus, la peinture à l’huile aurait eu naissance dans cette contrée, notamment grâce à Jan Van Eyck, le plus connu des primitifs flamands. Au-delà de la qualité de leur matériel, c’est surtout dans la manière de les utiliser qui fait cette magnificence.

Peintures des Primitifs flamands

La technique des Primitifs flamands

  1. Les Maîtres flamands peignaient sur panneaux de bois, tilleul et saule exclusivement étant considérés comme la meilleur qualité de bois. La toile ne sera utilisée qu’ultérieurement,  à partir du XVIe siècle.
  2. Le panneau était ensuite encollé de 6 couches de colle légère, car plus la colle est légère mieux elle pénètre le bois.
  3. Le panneau est alors encollé d’une toile très fine servant à uniformiser le fond et à empêcher le bois de se dilater ou de se rétracter.
  4. Ce n’est pas terminé ! Sur ce support était ensuite apposées 8 couches d’enduit composé de plâtre amorphe (lisse et fin) et de rognures de parchemin. Cet enduit était appliqué à chaud, comme aujourd’hui avec la colle de peau. Une fois les 8 couches appliquées et sèches, le support était poncé afin de donner un aspect aussi poli que le marbre.
  5. L’esquisse ou le dessin préparatoire était exécuté avec du charbon de saule, ou mine de plomb ou une pointe d’argent. Les ombres et les plis seulement étaient réalisés. Le dessin n’était jamais fixé partant du principe qu’il fallait laisser l’ouvrage en repos quelques jours afin de mieux l’observer et de faire les retouches nécessaires au fur et à mesure.
  6. Ensuite, l’ébauche était faite à la tempéra à l’œuf. C’est-à-dire que la première couche de peinture se faisait avec une peinture ayant l’œuf comme liant. Mais cela jusqu’au XVe siècle car avec l’arrivée de la peinture à l’huile l’ébauche était exécuté par un vernis léger mélangé avec de l’essence. La manière de procéder était toujours la même, en grisaille dégradé, sans rajout de blanc car ils l’obtenaient par transparence du fond. Comme à l’aquarelle. Le ton de base de cette grisaille s’appelle le Verdaccio, mélange d’ocre jaune, noir et terre verte. Parfois à la place de la terre verte, on trouve de l’ocre rouge. La terre verte était utilisée comme ombre pour les chairs. L’esquisse était légère mais aussi précise que possible. Le peintre partait du fond du sujet (paysage, architecture, vêtement) en terminant par les chairs (visages, mains). De de fait, on termine toujours par les détails les plus importants.
  7. Lorsque cette grisaille était bien sèche, l’exécution en couleur pouvait se faire. L’œuvre était peinte morceau par morceau, commençant par le fond pour finir par les chairs. Leurs couleurs étaient plus liquides que celles que l’on trouve aujourd’hui dans le commerce. Elles étaient surtout très transparentes, alors ils superposaient les couches les unes sur les autres en laissant sécher un bon moment entre chacune d’elles. Dans la technique de ces peintres flamands, l’épaisseur ne doit se trouver que dans les ombres, pour plus d’opacité. Le blanc du fond devait être gardé par transparence pour les zones de lumière du sujet. La raison principale à cela c’est qu’à l’époque ils ne connaissaient que le blanc de céruse (blanc de plomb ou blanc d’argent) qui aurait fini par jaunir. Les maîtres flamands ne se servaient que de pinceaux à poils doux (écureuils, putois ou martre) afin de donner l’aspect lisse comme de l’émail.
  8. 8e et dernière étape : Le vernissage ! Etape définitive qui n’avait pas lieu avant plusieurs mois, voire un an après l’achèvement de l’œuvre. Le tableau était nettoyé, épousseté et vernis par un temps sec et placé au soleil. Il était obtenu par du copal dissout dans de l’huile cuite épaissit au soleil. Ce qui le rendait poisseux et très lent à sécher.

Cette résistance et cet aspect émaillé des œuvres s’obtenait par la concentration de résine dans les couleurs. En effet, elles étaient broyées directement dans une huile cuite comportant du copal ou de l’ambre, mélangée à de la térébenthine de Venise.

Ambre dissous de chez Blockx

Quand on voit que ce sont les tableaux de cette époque qui sont les mieux conservés dans l’ensemble des musées aujourd’hui, on comprend bien la perfection de cette technique rigoureuse, lente, et soignée. Qualités essentielles et indispensables aux grands peintres.

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gino carrier
Invité
03/08/2018 05:07

Votre article est fameux, je viens de terminer ou si vous préférez arrêter un hommage à Frans Snyder à l’acrylique …J’en ai fait un tableau grivois et la marchande a les seins apparants. Le titre est changé pour: les plus beaux fruits de l’étal…Bien que je suis heureux de ce premier essaie, l’acrylique est tout un défi.Cette période de la peinture m’a toujours fasciné.Ils avaient atteint un haut niveau de compétences dans les rendus et les glacis ! Xavier Langlais me fut aussi un référence utile.À une époque où la vitesse dans l’éxécussion est de mise, l’acrylique est un compromis à la hauteur mais demande une qualité d’observation éfficace et quelques kilomètres de toiles au compteur.

Otten
Invité
18/10/2015 14:08

Chère Amandine,

Je suis désolée mais il y a beaucoup d’erreurs dans cet article. Oui les Primitifs peignaient aussi sur toile (d’ailleurs ils peignaient aussi sur d’autres supports) mais la fragilité de ce type de support ne nous a pas permis d’en conserver beaucoup. Et vive le chêne Baltique (voir de nombreux exemples dans les musées) qui a permis d’améliorer le support et donc l’adhérence de la couche picturale…
Je vous renvois à un livre très intéressant -Les primitifs flamands et leur temps- Renaissance du livre 1994

Bien à vous et bonne continuation

Amandine Gilles
Invité
Répondre à  Otten
21/10/2015 00:19

Bonjour, merci pour votre commentaire et votre référence.
Bien sur le processus évoqué dans cet article n’est pas exhaustif, les techniques étaient propres à chaque atelier. Mais il est tout de même possible de parler d’une méthode générale, ce que j’ai tenté de faire ici. Les supports à cette époque étaient nombreux vous avez raison, cependant le plus couramment utilisé était bel et bien le bois.
Cordialement et bonne continuation également

Daniel COMPAN
Invité
11/05/2014 14:11

Je vous félicite pour la qualité et la sobriété de votre article ,vos sources sont plus que valables , toutes les informations que vous énoncez sont rigoureusement exactes je recherche des renseignements sur les techniques picturales des anciens par pure passion , sous forme de tutoriels expliqués avec précision. Je peins moi-même dans une appartenance à la famille du fantastique et du surréalisme. La technique de la peinture à l’huile est d’une richesse infinie et comme Xavier de Langlais la décrivait à juste titre comme étant une pratique mystérieuse. Bonne continuation pour vos articles de très belle facture..

Amandine Gilles
Invité
Répondre à  Daniel COMPAN
11/05/2014 18:21

Merci beaucoup Daniel, c’est un vrai encouragement.
Bonne continuation à vous!

Jean-Pierre Brazs
Invité
30/01/2014 17:58

L’AGNEAU MYSTIQUE EN 100 MILLIARDS DE PIXELS!
Grâce à un nouveau site internet, il est possible désormais de zoomer sur les détails complexes et époustouflants de l’Agneau mystique de Van Eyck:
http://closertovaneyck.kikirpa.be/

Oso
Invité
24/11/2013 15:53

Article très intéressant. Quel artiste n’a pas voulu connaître le “secret” des Anciens ?….
Merci